C.G.T Saint Gobain Cognac

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Celui qui lutte peut perdre… celui qui ne lutte pas a déjà perdu…(À méditer) Tous ensemble, unis nous sommes plus forts.


J'ai honte de travailler pour Seguin-Moreau

Publié par Séverine Joubert sur 24 Mars 2009, 08:14am

Catégories : #Société

Dès 7 heures, hier matin, les hommes et femmes de la tonnellerie Seguin-Moreau à Merpins étaient sur le parking de l'entreprise pour débuter une longue journée de grève. La grève pourquoi ? Parce que 34 ou 37 emplois sont menacés (1).

Selon Jean-Claude Zimmer (FO), la quasi-totalité des 150 employés de l'atelier de fabrication des fûts était en grève. « Il n'y a que quatre gars qui sont au travail. »

Sur la clôture grillagée, banderoles de FO et de la CGT indiquaient aux automobilistes que ce lundi était jour de deuil pour les salariés. Car si le soleil était de la partie, les grévistes faisaient grise mine, ayant le net sentiment que les jeux étaient faits depuis longtemps.

Les dernières propositions de la direction ayant trait au volet social ont été reçues hier matin. Pas le temps pour Jean-Claude Zimmer, délégué FO et membre du comité d'entreprise, d'émettre un quelconque avis avant la réunion qui avait lieu à 16 heures.

Grève reconduite aujourd'hui

Avant même la tenue de cette rencontre avec la direction, les délégués FO et CGT ont en revanche décidé de reconduire le mouvement de grève ce mardi.

Sur le fond, de toute façon, cela ne change pas grand-chose. « Le mal est fait, notre grève est plus symbolique qu'utile », tranche Christophe, vingt ans de maison.

Gilles, avec ses trente années de boîte, a le sanglot dans la voix. Il évoque, comme d'autres, les efforts de productivité fournis depuis cinq ans. Le temps de réalisation d'un tonneau est en effet passé d'une heure et demie à une heure. « Voilà comment on est remercié. Avant je courais pour venir au travail, maintenant je cours pour débaucher. J'étais fier de travailler pour Seguin-Moreau. Maintenant j'ai honte. Quand j'arrive chez moi, je me dépêche d'enlever mon pull Seguin-Moreau. »

Licenciements trop anticipés

Dans le cadre des négociations sur le plan de sauvegarde de l'emploi, la direction a proposé d'éviter deux suppressions de poste. Cela passerait par un redéploiement du volume horaire annuel (inchangé) sur vingt-quatre jours supplémentaires.

« On garde le même nombre d'heures, avec 34 gars de moins et on nous fait venir vingt-quatre jours de plus. Il faut toujours faire plus... Vous imaginez le coût pour les gens qui viennent de loin ! Et puis, si on accepte, rien ne nous dit qu'il ne nous tombera pas autre chose dessus dans six mois », s'énerve un autre.

« On n'a même pas eu de chômage partiel, on aurait pu prendre des congés. On était prêts à faire efforts pour sauver notre emploi », assurent Xavier, Maurice, Michel et les autres. « Si l'entreprise n'était pas bien depuis un an, on comprendrait, mais là c'est depuis janvier. »

La colère des grévistes rejoint l'analyse du cabinet 3 E consultants, missionné pour aider le comité d'entreprise. Hier, David Mohar, représentant du cabinet, a expliqué qu'« on avait une divergence avec la direction sur la durée et l'ampleur de la crise. On considère que les mesures sont sévères et que l'entreprise a une capacité à résister plus importante que ne le dit la direction. La direction est sur un scénario très pessimiste », complète David Mohar, sans pour autant nier le contexte économique difficile et une baisse du résultat entre 2007 et 2008.

« Mais ce sont des licenciements trop anticipés, on pouvait aussi envisager du chômage partiel, de la formation », regrette David Mohar (« Sud Ouest » du mardi 17 mars).

(1) Le site de Sigogne, avec ses dix-huit employés, fermerait pour être entièrement transféré à Merpins. Ces dix-huit postes ne sont pas menacés.

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